Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

L’Art, miroir de diabolisation des femmes

Conférence d’Edith VALLEE le 8 mars 2022

Club de L’UNESCO de Paris 12e

Si vous étiez venues pour voir dans l’art ancien, des odalisques, des Vénus, des jeunes filles à l’ombrelle, vous seriez déçues. Des images de femmes célébrées pour leur beauté lisse et passive, l’art ancien en est empli. Les artistes ont voulu nous voir ainsi, idéalisées belles ou mystérieuses au point d’être presque sacrées comme la Joconde. Une façon de faire de nous des objets, de nous voler notre vie. L’art ancien croit les femmes dangereuses quand elles vivent et agissent. Alors, il ne manque pas de les diaboliser.

Notez que je me suis inspirée pour vous en convaincre du très beau livre de Camille Laurens, « Les fiancées du diable », Editions Toucan. Quant aux œuvres des artistes qui nous proposent cette belle exposition, je me suis fiée à mon impression de visiteuse.

L’art, miroir de diabolisation des femmes. Réponse des artistes contemporaines

La première forme de diabolisation nous accueille dans les églises médiévales : Eve en serpent. Voyez celle de la cathédrale d’Autun : son corps ondule au sol tout en cueillant la pomme, l’air de rien, ni vue ni connue. Erreur ! Manger du fruit de l’arbre de la connaissance entraîne pour le couple un péché d’orgueil, vouloir évaluer le bien et le mal, comme Dieu seul en est capable. Ils en perdent leur éternité, chassés de l’Eden. Mais aussi, révélation catastrophique qui fera son chemin : ils sont nus et se désirent. Notez : à voir les ondulations de notre ancêtre avant la pomme, on se demande bien pourquoi il fallait manger le fruit pour que naisse le désir. C’est donc Eve qui inaugure le désir, comme le confirme la malédiction divine : « Tu convoiteras ton mari et lui dominera sur toi. » La faute d’Eve sera rachetée par Marie. La raison masculine voudrait bien se satisfaire de cet équilibre restauré. Mais dans la Bible, une autre figure de femme obscurcit les choses : Lilith, la mystérieuse, l’inconnue.

Sur le portail gauche de la cathédrale Notre Dame de Paris, elle apparaît sous la forme d’un serpent à tête de femme : Lilith souffle à Eve l’idée de manger la pomme. D’où connait-on Lilith ?  Malgré les efforts des exégètes pour retirer sa présence des pages de la Bible, on la retrouve dans Isaïe, un oubli de gommage : « la hyène Lilith erre dans le désert ». On la rencontre encore dans le Zohar, beaucoup moins lu, œuvre maîtresse de la kabbale, datant du IIe siècle.

Première femme d’Adam, avant Eve, donc, faite de glaise comme lui et non tirée de sa côte, elle refuse la domination de l’homme et s’enfuit au bord de la mer Rouge dès que son compagnon entreprend de la dominer. Des anges viennent lui enjoindre de revenir auprès d’Adam, que nenni. Pour prix de sa liberté, elle dit aux anges accepter de ne pas avoir d’enfant. Elle inspire alors tous les actes sexuels échappant à la procréation. Voit-on une usure à certains endroits de la robe des prêtres ? Lilith s’est frottée à eux. Un homme se regarde-t-il dans un miroir ? Le visage de Lilith apparaît. Une femme accouche-t-elle ? Eloignons à tout prix l’ogresse Lilith, capable de dévorer le nouveau-né. Oui, très dangereuse Lilith qui ne perçoit pas l’appel des entrailles maternelles et convole avec le Diable vers Dieu sait quels exercices !

Lilith dispose librement de son corps, échappe à tout contrôle. En conséquence, elle veut l’égalité avec les hommes. Elle est donc diabolisée à cause de son féminisme.

Deuxième grande forme de diabolisation des femmes, la sorcière. Persécutées en masse à partir du XVe siècle, les sorcières avaient bonne presse auparavant. On les nommait « bonnes femmes » – femme, ici, vient de fama, la renommée en latin – parce que les sorcières étaient réputées soigner par les plantes. L’époque de la Renaissance qui commence à établir le contrôle sur toutes choses, se défie de ces femmes qui   prennent leur destin en mains, guérissent autrui en utilisant leurs connaissances en pharmacopée plutôt que de s’en remettre aux prières et à la confession. Dans le tableau de Goya, au XVIIIe siècle, Le sabbat de sorcières,  on remarque les plantes, centrales entre les cornes du diable, et des femmes plutôt affreuses, autour. Deux tendent des enfants au diable, l’un en vie, l’autre, déjà squelette. En effet, les sorcières pratiquent les accouchements et les avortements. Jean Wier, humaniste de la Renaissance, écrit: « le diable induit volontiers le sexe féminin, lequel est inconstant dans sa complexion (….) et principalement les vieilles débiles, stupides et d’esprit chancelant ». Par la connaissance des vertus des plantes, par leur savoir-faire dans la transmission de la vie ou son arrêt, les femmes dites sorcières, se dégagent de l’impuissance humaine et  du contrôle de l’église. Quelle folie en effet !

Autre prétexte pour diaboliser les femmes : leur proximité avec les bêtes.  Platon décrit la crise d’hystérie de cette façon : un animal logé à l’intérieur de chaque utérus a toujours appétit à faire des enfants. Lorsque l’animal ressent le manque de fécondation, je cite : « il erre partout dans le corps, obstrue les passages du souffle, interdit la respiration, jette en des angoisses extrêmes … » Nietzsche confirme cette relation. Il catalogue les femmes en « chattes ou oiseaux, ou alors, quand cela va bien, des vaches ». D’ailleurs, il n’y a pas que lui pour associer les femmes à une chatte.

Voyons justement, chez Picasso, Dora et le minotaure. Dora zoophile, s’abandonne au baiser de Picasso, l’homme-taureau. Vous allez protester. C’est l’homme qui est proche de l’animal, pas elle ! Mais non, souvenez-vous : le minotaure est né de l’étreinte de l’épouse du roi Minos, Pasiphae, avec un taureau blanc qu’elle désirait ardemment. Elle gruge le taureau en se logeant dans une sculpture de vache en bois. Autrement dit, par son désir, une femme est capable de donner naissance à un être mi-homme mi-animal, voire même à exciter en son partenaire sa dimension animale. La preuve, le même questionnement autour du viol : n’auraient-elles pas provoqué l’homme jusqu’au rut ? Une femme est trop proche de la bête, trop proche du diable, cet homme à pattes de bouc, pour être innocente.

Dernière figure de diabolisation – ne sursautez pas – la mère. Simone de Beauvoir dit dans Le deuxième sexe, qu’à peine né, l’être humain commence à mourir. Donner la vie, c’est diaboliquement donner l’angoisse de vivre avec celle de mourir. Arcimboldo, au XVIe siècle, peint cette idée dans le portrait d’Eve. Le visage plein de l’humanité à venir, Eve tient dans sa main la pomme qui va entraîner l’acte sexuel. Avec le péché originel, l’humanité qui habitait l’Eden, perd l’immortalité et gagne l’angoisse. La maternité lie la femme au cosmos, avec les cycles menstruels de 28 jours comme ceux de la lune, et surtout à travers l’accouchement. Formidable pouvoir que de participer intimement à l’élan vital universel en mettant un enfant au monde. Simone de Beauvoir  conclue : « l’homme se défend de la femme en tant qu’elle est source confuse du monde et trouble devenir organique ».

On pourrait ajouter à la liste de nombreuses autres formes de diabolisation. Mais posons maintenant la question. Pourquoi les hommes ont-ils tant voulu reconnaître, dans les femmes et l’expression de leur désir, un reflet de Satan ? Une image va répondre : Méduse. Méduse, figure de l’Antiquité grecque, fige quiconque croise son regard ; elle donne la mort. Assimilée au sexe féminin, comme aussi d’ailleurs l’araignée, Méduse convoque la peur masculine d’être castré par le sexe de l’amante, assimilé à une bouche dentée. En preuve, Juliette Drouet écrivant à Victor Hugo : «Je veux que vous me baisiez à mort, voilà tout ». Qui meurt dans l’étreinte ? Qui meurt dans la toile de l’araignée ?

La solution à la peur des hommes, est apportée sur le plateau de la misogynie : tirez les premiers, messieurs les terrorisés, coupez la tête de Méduse. Caravage, au XVIIe siècle, expose le trophée en colère et ensanglanté. Pour se débarrasser de la peur de la castration et de l’angoisse à vivre et à mourir dans ce monde, les hommes ont vite trouvé une responsable, une origine. Ils ont diabolisé le désir féminin, refusant de reconnaître leur propre crainte. Le problème est le suivant : en coupant la tête de Méduse, la femme castratrice, ils reproduisent l’acte de castration, car symboliquement décapiter = castrer, dit Freud. On ne s’en sort pas. Et eux de continuer d’avoir peur de la castration sous toutes ses formes.

Félicien Rops nous livre une version comique de cette angoisse : La peur masculine, c’est d’être balancé comme un porc, nous dit Félicien Rops, avec la Dame au cochon, Pornokrates. C’était en 1878. Déjà. Aujourd’hui, on balance son porc sur les réseaux sociaux. On voit ici la femme fatale tenir en laisse, en termes plus usuels, mener par le bout du nez, l’homme cochon. Pourquoi les yeux bandés ? Parce qu’elle se dirige à l’instinct. La frise ajoute à l’idée que tout ceci vient de l’antiquité et existe donc de tout temps.

Les femmes, par voie de conséquence, ont longtemps eu peur de leur propre sexe, dévalorisées et inquiètes par les discours qui tournent autour. Jusqu’au jour, 1866, où un peintre a osé voir la chose en face, Courbet, avec L’origine du monde. Le sexe est reconnu comme sexe, visible, et célébré pour son lien avec la nature, le cosmos animé par l’élan vital. L’idée est venue à Courbet devant la source de la Loue, gigantesque grotte au pied d’une falaise d’autant plus fascinante que le lieu de son origine, une résurgence du Doubs, est restée longtemps inconnue. Courbet est fasciné, il regarde.

Les femmes ont donc eu peur ou honte de leur sexe  jusqu’au jour où elles ont changé le regard sur elles-mêmes. Hélène Cixous, dans son livre, le rire de la Méduse, explique que Méduse se moque bien de la peur qu’on lui a fait endosser.

Toutes ces artistes disent la même chose. A force d’être célébrées, objets fabriqués par le désir et la peur des hommes, les femmes s’évaporent comme sujets. Et quand leur désir se manifeste, elles n’en ont pas la légitimité dans une société travaillée par le projet de les soumettre à la domination masculine.

Kiki Smith exhibe à l’Hôtel de la monnaie en 2018 une sculpture où se voit un sexe féminin dans une posture obscène, jamais vue ainsi. Elle ose montrer une position qui permet de voir le sexe d’une femme par l’arrière.

Enfin, dans un geste qui convoque le scandale, en 2017 l’artiste Deborah de Robertis, met en scène une performance, juchée à demi-nue devant le tableau de la Joconde, jambes écartées. Assise sur une étagère censée éloigner les visiteurs et les visiteuses massées devant l’œuvre, elle  montre son sexe en écartant les lèvres des doigts. Performance identique aussi au musée d’Orsay, devant l’origine du monde. Elle dit :

« Je propose le miroir inversé du tableau de Courbet, ». cette fois c’est le sexe féminin qui regarde activement le maître.

Telle est aussi la démarche d’Ellen Gallagher : elle a recomposé une photo de Matisse peignant une odalisque, traditionnellement nue. Freud a pris la place de Matisse. L’odalisque, cette fois habillée, regarde d’un air narquois qui ne s’en laisse pas compter, le maître. La position est inversée, c’est elle qui regarde.

Félicien Rops nous livre une version comique de cette angoisse : La peur masculine, c’est d’être balancé comme un porc, nous dit Félicien Rops, avec la Dame au cochon, Pornokrates. C’était en 1878. Déjà. Aujourd’hui, on balance son porc sur les réseaux sociaux. On voit ici la femme fatale tenir en laisse, en termes plus usuels, mener par le bout du nez, l’homme cochon. Pourquoi les yeux bandés ? Parce qu’elle se dirige à l’instinct. La frise ajoute à l’idée que tout ceci vient de l’antiquité et existe donc de tout temps.

Les femmes, par voie de conséquence, ont longtemps eu peur de leur propre sexe, dévalorisées et inquiètes par les discours qui tournent autour. 

Jusqu’au jour, 1866, où un peintre a osé voir la chose en face, Courbet, avec L’origine du monde. Le sexe est reconnu comme sexe, visible, et célébré pour son lien avec la nature, le cosmos animé par l’élan vital. L’idée est venue à Courbet devant la source de la Loue, gigantesque grotte au pied d’une falaise d’autant plus fascinante que le lieu de son origine, une résurgence du Doubs, est restée longtemps inconnue. Courbet est fasciné, il regarde.

Les femmes ont donc eu peur ou honte de leur sexe  jusqu’au jour où elles ont changé le regard sur elles-mêmes. Hélène Cixous, dans son livre, le rire de la Méduse, explique que Méduse se moque bien de la peur qu’on lui a fait endosser.

Depuis peu, nombre femmes artistes exposent le sexe féminin, et le clitoris est devenu aujourd’hui un bijou en or que l’on met à son cou.

Toutes ces artistes disent la même chose. A force d’être célébrées, objets fabriqués par le désir et la peur des hommes, les femmes s’évaporent comme sujets. Et quand leur désir se manifeste, elles n’en ont pas la légitimité dans une société travaillée par le projet de les soumettre à la domination masculine.

Kiki Smith exhibe à l’Hôtel de la monnaie en 2018 une sculpture où se voit un sexe féminin dans une posture obscène, jamais vue ainsi. Elle ose montrer une position qui permet de voir le sexe d’une femme par l’arrière.

Enfin, dans un geste qui convoque le scandale, en 2017 l’artiste Deborah de Robertis, met en scène une performance, juchée à demi-nue devant le tableau de la Joconde, jambes écartées. Assise sur une étagère censée éloigner les visiteurs et les visiteuses massées devant l’œuvre, elle  montre son sexe en écartant les lèvres des doigts. Performance identique aussi au musée d’Orsay, devant l’origine du monde. Elle dit :

« Je propose le miroir inversé du tableau de Courbet, ». cette fois c’est le sexe féminin qui regarde activement le maître.

Telle est aussi la démarche d’Ellen Gallagher : elle a recomposé une photo de Matisse peignant une odalisque, traditionnellement nue. Freud a pris la place de Matisse. L’odalisque, cette fois habillée, regarde d’un air narquois qui ne s’en laisse pas compter, le maître. La position est inversée, c’est elle qui regarde.

Une fois la protestation et la provocation exprimées, viennent des symboles de sexe gai, somptueux, immense comme la Méduse de Joana Varconcelos. Le monstre féminin est devenu symbole de joie de vivre, à la fois caché, car ses prolongements disparaissent dans les salles du musée Guggenheim à Bilbao lors d’une exposition en 2018, incontournable comme d’ailleurs toutes les sculptures de cette artiste. Beaucoup d’entre vous ont admiré cette immense chaussure à talon haut de femme fatale, faite d’un empilement soigneux de casseroles et marmites.

Cecilia da Motta, sculpte des sexes dorés, grandeur nature. Chacune des sculptures porte le nom du modèle. On découvre l’extraordinaire variété des sexes féminins, chacun unique dans sa beauté singulière. L’artiste a osé cette profondeur et cette vérité.

Les temps changent, les femmes artistes répondent à l’art ancien, accusation, provocation, affirmation tranquille, réflexion, recherches. Elles inversent la donne. Elles se sont échappées des moules écrasants, leur pinceau, leur burin, leurs photos pensent la féminité.

Et c’est ainsi qu’elles reconstruisent leur histoire à travers l’art.

Sandrine Lehage a nommé cette œuvre photographique Néolilith. Nous sommes au Néolithique, en compagnie de Lilith dans un paysage que le travail de l’artiste rend étrange. Solitude butée de cette femme en pleine réflexion, au bord de son destin. Il s’est passé quelque chose, une parole dite par cette bouche de la pierre qui montre les dents. Parole assumée et méditée. Lilith décide de sa vie, prend son destin en mains. Moment crucial d’une personne en réflexion sur sa vie.

Mais où va Lilith quand elle se lève? Voici l’encre de Celien MTF. La sirène, poissonne qui veut exister comme femme, se reconstruit. Elle voit sa vie comme une partition musicale, à nager entre les ondes horizontales et la verticale de la question posée sur son sexe : qui suis-je ? exprime la note de musique arborescente posée justement au bon endroit du corps. Cette note se dessine en comme un arbre doté d’autant de feuillage que de racines. Je suis dans le haut et le bas, le ciel et la terre, le masculin et le féminin, un être complet, et je suis comme un poisson dans l’eau, ajoute Celien MTF.

Restons dans l’eau : Séverine HETTINGER « sans titre». Une femme nue flotte entre deux eaux lavées d’un peu de terre. Devant elle, appuyées comme sur une vitre, des mains, une personne et qui sait quoi la regardent. Des plantes, se sont accrochées à elle désespérément dans un grand entrelacs de végétaux qui veulent vivre à tout prix, collés à elle, dernier recours.

L’artiste répond à Arcimboldo, C’est la mère qui meurt à force d’avoir tout donné, comme la terre. Elle accuse la société prédatrice qui exploite les ressources originelles jusqu’à épuisement.

Alors Rosa Gonzales accuse elle aussi, avec sa «jeune fille aux mains coupées ». Dotée d’une magnifique chevelure bouclée bleue, une femme nue apparait devant nous comme si, passée au travers du miroir à notre droite, elle revenait pour exhiber ce qu’on lui a fait. Sa main droite existe encore détachée d’elle et posée sur le miroir, membre fantôme. Le sang des blessures coule sur la jambe jusqu’au sol. Sur son corps est projetée, derrière l’image d’une beauté enivrante que renvoie souvent le miroir, la crainte suprême masculine, être castré. Réponse à la méduse du Caravage. : C’est vous qui me voyez castrée

Lolaura se joue des limitations imposées. Avec du flair et du flirt, qu’on ne se trompe pas sur l’ambiance enfantine du portrait en pied. Sur un décor de tapisserie rose, cette femme bien mise comme pourrait l’être une bonne ménagère de sortie, fait le tapin. Sa tête de chienne rouge en dit long, son sac en attente de remplissage et ses souliers de même couleur, symbole de sexualité. Mais contrairement à la Dame au cochon de Pornocrates, cette dame sait parfaitement ce qu’elle veut, elle suit une stratégie, elle joue sur tous les tableaux. Elle me fait penser aussi à Héloïse au XIIe siècle qui affirme que le mariage équivaut à une prostitution.

Et après ?

Amande Art peint tout à fait autre chose « Sororité ». Ambiance du Tintoret pour ce portrait de deux femmes très proches, proposées comme le veut l’art ancien accoudées à un parapet. Leur visage et leur bras lumineux jaillissent de l’ombre douce, et la chaleur de leur peau se réfléchit sur la pierre devant elles. La plus âgée regarde, intriguée, pétillante, quelque chose devant elle ; la plus jeune, cuillère à la bouche, a les yeux mi-clos sur son plaisir gourmand. Deux femmes ouvertes au monde extérieur et intérieur, deux passeuses qui viennent du temps ancien observent l’avenir en s’épaulant. Un pas de plus, et l’une entraînant l’autre, elles s’apprêtent à participer à cet avenir que l’on voit, tout proche.

Les femmes se sont échappées des moules étouffants, leur pinceau, leur burin, leur appareil photo repensent la féminité. Elles ont compris que l’idéalisation dont elles sont le plus souvent affublées n’est qu’une manière pour les hommes de circonvenir l’angoisse qui les étreint.

En répondant à l’art ancien, accusation, provocation, affirmation tranquille, réflexion, d’abord elles inversent la donne, ce sont elles maintenant qui créent, qui parlent ; ensuite au lieu d’enchanter le monde ou d’accepter la domination masculine, elles reconstruisent le monde de l’art, et c’est beaucoup.

Merci à elles et applaudissons au talent de Severine HETTINGER, Rosa GONZALEZ,  LOLAURA, Sandrine LEHAGRE, CELIEN MTF , Amande ART

Partager